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Ce roman est le premier que j'ai publié chez Edilivre. Le titre en était : Une souris verte...

J'ai modifié ce titre quand je l'ai publié chez Amazon car les moteurs de recherche internet le répertoriaient dans les livres pour enfant.

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Cette fiction traite d'un sujet douloureux, la pédophilie. C'est un roman assez dur, évidemment, je ne pouvais pas traiter ce sujet avec légèreté. Néanmoins j'ai tenu à ce qu'il n'y ait rien de traumatisant, rien de scabreux dans cette histoire qui peut être lue par de grands ados.

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Après sa publication, j'ai reçu des mails de deux lectrices qui me disaient qu'après avoir lu ce roman elles avaient trouvé le courage de parler d'événements qu'elles taisaient souvent par pudeur ou par honte. Elles se sentaient libérées et me remerciaient.

Maud est persuadée qu’elle est responsable de la mort de ses oncles. Pourquoi ? Ils sont morts alors qu’elle était adolescente… elle ne se souvient de rien. Sa rencontre avec Sylvaine va réveiller sa mémoire et lui permettre de retrouver équilibre et joie de vivre.

Extrait pages 25 à 28

Marie

 

 

J'ai dormi comme un loir et sans somnifère. Vraiment mon comportement d'hier soir était absurde. Aucun cauchemar n'est venu troubler ma nuit, je suis bel et bien guérie. Je dois être dans une période de mon cycle qui me rend plus fragile. Ouais, c'est certainement cela. À moins que ce ne soit la lune ! Petite, je ressentais déjà son influence...

Je me souviens que ma mère me disait... 0h ! Non ! Cela ne va pas recommencer...

 

Ma mère... Elle me disait que bébé déjà, la lune me rendait nerveuse. Les soirs de pleine lune elle avait du mal à m'endormir. J'étais très angoissée, je poussais des cris déchirants jusqu'à ce qu'elle m'ait prise dans ses bras. Bien entendu, il est normal que je n'aie aucun souvenir de cette période-là !

Pourtant, parfois, j'ai l'impression que quelques scènes tentent de remonter à la surface. Mais elles sont si lointaines, si floues...

Un landau noir, à la capote baissée ; à l'intérieur un bébé joufflu, assis : c'est moi. Cela je l'ai peut-être vu sur d'anciennes photos. Au début, je vois un garçon ; d'une douzaine d'années. Il pousse le landau tandis qu'un autre le chahute en lui tapant dans le dos. Tous deux rient beaucoup. Je vois un chien également, gris et noir avec des taches couleur feu. Il ne cesse de courir et d'aboyer, en faisant la navette entre les deux garçons. Il me parait énorme.

Puis, celui qui poussait le landau se met à le tirer à lui, tandis que l'autre, passant derrière, le tire également à lui en s'agrippant à la capote. Ils sont très énervés crient bruyamment et le chien saute sur chacun d'eux en jappant de plus en plus fort. Au milieu, le bébé est secoué dans tous les sens et hurle de terreur.

Je vois très nettement cette scène, elle se passe sur une petite place devant un bâtiment blanc qui a des escaliers en arrondi ; je vois aussi des colonnes... Je n'éprouve aucune sensation particulière pourtant, je sais que, c'est moi ce bébé épouvanté.

 

Le garçon qui poussait le landau est mon oncle, le plus jeune frère de ma mère. C'est peut-être, même sûrement, lui qui m'a raconté cette scène ! Je ne le saurai jamais, il est décédé. Il est tombé du pont, en plein mois de janvier. L'eau du fleuve était gelée, il n'a pas survécu. Il m'adorait et s'occupait tout le temps de moi ; j'ai eu un énorme chagrin à sa mort.

L'autre frère de ma mère, son cadet en somme puisqu'elle était l'aînée, est mort également. Un peu plus tard, pendant l'été. Lui aussi d'un accident ; lui aussi noyé ; dans sa baignoire. Non ! Lui il s'est électrocuté. Je ne sais plus comment... Je n'étais qu'une enfant, j'avais onze ans à l'époque, enfin, je crois. Je n'en suis pas certaine, j'ai oublié.

Maman avait été très marquée par ces deuils successifs. Perdre ses deux frères en si peu de temps et presque de la même manière... Je me souviens que cette fatalité effrayait chaque membre de la famille.

Si tous pleuraient la disparition de mes oncles, chacun craignait aussi d'être victime de l'incontournable superstition : « jamais deux sans trois » ! Mais  celle-ci se révéla fausse. Il n'y eut pas de troisième victime. La vie est ainsi faite...

Bon allez, ça suffit. Les souvenirs, restez où vous êtes !

 

Voilà. Il est trois heures de l’après-midi et je suis assise sur le banc à l'attendre. Je ne suis pas certaine qu'elle vienne. Même si elle vient, elle ne viendra peut-être pas seule. Elle doit bien avoir des copines cette gosse tout de même ! Si elle amène ses copines moi je m'en vais. C'est vrai, après tout j'ai autre chose à faire que de jouer à la dînette avec des gamines !

Le samedi après-midi en principe... Je prends le soleil sur le balcon, puis je me prépare un thé avec tout un assortiment de petits fours. Je me prélasse, quoi !

En vérité... le samedi, je m'ennuie.

 

Je ne pense pas qu'à son âge on fasse encore la sieste. Elle ne devrait plus tarder. J'ouvre mon bouquin et pour la cinquième fois je relis le premier paragraphe. J'ai du mal à me concentrer, ce n'est pas le genre de livre à lire dans un jardin public rempli de mômes !

Je crois que j'ai peur qu'elle ne vienne pas. Depuis mon réveil et même, pour être sincère, depuis que je l'ai quittée hier après-midi, je n'attends que cet instant où elle va franchir le portillon et se dandiner sur le chemin. Mais il y a tellement de promeneurs aujourd'hui, je crains de la rater.

Oh ! Je reconnais ce couinement... C'est elle qui arrive ! Elle est déjà presque là et je ne l'ai pas vue venir. Elle est seule et court en m'apercevant. Je suis tout heureuse de cet empressement à mon égard, j'ai envie de me lever et d'ouvrir grands les bras pour la serrer contre moi. Mais je ne le fais pas. Elle me connaît à peine, cela risquerait de l'effaroucher.

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