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Portrait

Je suis née dans la région lyonnaise. J’ai eu la chance d’être la dernière d’une fratrie de sept enfants, vingt-trois ans me séparaient de mon frère aîné. C’est une chance car mon rang m’a permis de profiter très jeune d’une bibliothèque familiale bien garnie. Cette bibliothèque, véritable caverne d’Ali Baba, contenait les nombreux livres accumulés, au fil des ans, par les membres de la famille aux goûts hétéroclites. Ils y étaient rangés pêle-mêle.

Beaucoup de romans en format broché et livres de poche mais aussi de beaux ouvrages reliés. Une édition pour la jeunesse, Delagrave,  des Misérables de Victor Hugo m’attirait en particulier. Cette histoire, avec ses illustrations de la petite Cosette portant son énorme seau, me fera prendre conscience de ma chance d'être une enfant heureuse.

De belles collections de revues illustrées comme L’Illustration, Réalités, Historia éveilleront ma curiosité. La très belle revue Connaissances des Arts me fournira des modèles, en particulier Delacroix ; le pauvre a dû se retourner dans sa tombe en voyant mes esquisses d'ado !

De nombreux magazines comme Modes et Travaux, ma mère brodait, auraient pu me donner l'envie de l'imiter ; hélas, je n'ai jamais aimé tenir une aiguille. Ceux sur la cuisine, mes parents tenaient une charcuterie, eurent plus de succès ; j'aime cuisiner et inventer des recettes.

Une pile du Reader’s Digest m’attirait pour ses articles relatant des faits extraordinaires. Les volumes d’une encyclopédie côtoyaient d’anciens livres scolaires de littérature, un peu cornés, quelquefois décorés de graffitis, mais tellement précieux, pour moi, parce qu’ils avaient été « aux grands ». C’est avec eux que je fis connaissance avec les visages, et les extraits des œuvres, des grands auteurs classiques et contemporains. Ceux-là mêmes qui allaient me tenir compagnie, par la suite, durant de longues soirées, quelquefois tard dans la nuit. Il m’arrivait certains soirs, après que ma mère m’eut donné le signal d’éteindre la lumière, de me cacher sous mes couvertures pour lire, dans le faisceau d’une petite lampe électrique, quelques lignes qui ne pouvaient pas attendre au lendemain.

Une collection sur Les Grandes Enigmes, qui appartenait à mes parents, me passionnera vers 16 ans. En constatant mon intérêt pour la spiritualité, l'irrationnel, le paranormal, les arts divinatoires, ma mère me l’offrira plus tard avec le livre d’Oswald Wirth "le Tarot des Imagiers du Moyen âge"  et le jeu qui l'accompagnait. Ce fut là mon premier Tarot de Marseille.

 

Toutes ces lectures ont nourri mon imagination déjà fertile.

Quand j’étais gosse mes parents m’envoyaient, contre mon gré, en colonie de vacances. Je détestais cela. J’avais beau le leur dire, rien n’y changeait, leur travail ne leur permettait pas de me garder à la maison, et puis "il fallait que je change d'air". Chaque fois je partais en larmes et je comptais les jours qui me séparaient du retour. J’écrivais de longues lettres à mes parents où je racontais tout ce que je faisais.

Plusieurs fois j’ai entendu ma mère parler de ces fameuses lettres à ses amis. Elle disait qu’elle adorait les lire parce que j’écrivais comme je parlais, c’est-à-dire avec beaucoup de détails, de description.

En quelque sorte... j’écrivais là mes premiers romans !

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S'isoler avec un roman, c'est en visualiser les décors, les personnages, les paysages ; en ressentir les ambiances, en partager les douleurs, les joies, les drames relatés par l'auteur. Tout cela d'une manière très personnelle ; différente, peut-être, de celle de l'écrivain lui même.

Ouvrir un livre, s'attaquer à sa lecture, ne plus avoir envie de le poser, être impatient d'en connaître la fin, tout en redoutant le moment où on le fermera... et se laisser envahir par les sentiments mêlés de satisfaction, de jubilation, de frustration, de "pas assez", lorsqu'on le remettra sur l'étagère ou qu'on le rendra à la bibliothèque.

Ce sont tous ces sentiments, ajoutés à celui de reconnaissance envers l'écrivain pour le moment de bonheur ou simplement d'évasion offert par la lecture de son œuvre, qui m'ont donné le désir d'être romancière. J'aimais inventer des histoires, j'ai eu l'envie de les partager.

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Et, si les lecteurs de mes romans éprouvent quelque plaisir à s'évader,

pour un moment, dans mon imaginaire alors je suis comblée.

Très jeune la poésie fut mon exutoire, tout était prétexte à écrire quelques vers.

Une fois devenue mère j'eus plaisir à inventer des histoires pour mes enfants.

Les aléas de la vie, et la découverte de la peinture à l'huile, m'éloignèrent de l'écriture.


J'y reviendrai en 1990 avec mes premières nouvelles.

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