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J'ai eu envie de situer cette histoire à Villeneuve de la Raho, petite ville qui se situe à quelques kilomètres, au sud, de Perpignan dans les Pyrénées Orientales. On a, depuis son lac particulièrement apprécié des Perpignanais, une vue magnifique sur le Mont Canigou et le massif des Albères.

J'ai vécu quelques années dans ce joli village, sa quiétude m'a inspiré cette fiction.

Par contre, pour les besoins de mon histoire, mes descriptions ne sont pas toujours conformes à la réalité.

Mon imagination n'en fait toujours qu'à sa guise ! 

Mais, au-delà de mon roman, le meilleur moyen d'apprécier le charme de Villeneuve de la Raho est de s'y rendre !

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Pourquoi Virginie Orthez est-elle intimement convaincue que son cauchemar, interrompu par l’arrivée de la police, est en rapport avec l’assassinat de son père ?

Que lui a-t-on caché de son histoire familiale et quels rapports secrets relient les membres du clan Orthez ?

Dans l’ambiance caniculaire de l’été 2003 dans les Pyrénées Orientales, il faudra beaucoup de patience et d’ingéniosité au Commandant Jean-Baptiste Velasco  pour dénouer les fils de cette intrigue qui le conduiront, avec l’aide de Virginie, à la découverte de l’assassin.

Extrait pages 16 à 19

Perpignan - 10 août 2003
La rue de L’Anguille, étroite et grossièrement pavée, traversait le quartier médiéval. Sa montée jusqu’à l’église SaintJacques, édifiée au XIIIe siècle au sommet du « Puig des lépreux », était à elle seule expiatoire ; la canicule la rendait carrément suicidaire. Au numéro vingt et un, un porche blasonné orné de la coquille du pèlerin abritait trois interphones. Sur la plaque impeccablement gravée de Virginie Orthez, une fine bande de sparadrap terni révélait, écrit en petites lettres au feutre noir, le nom d’Aurélien Ortéga. Tandis que la clarté du jour naissant se glissait dans l’appartement, de grandes arabesques rougeoyantes déchiraient le peu de ciel visible au-dessus des toits depuis la fenêtre ouverte. Un léger souffle d’air balançait doucement la boule japonaise suspendue au plafond. Virginie se réveilla en sueur, elle était seule. Dans la chambre, pas d’autre bruit que le ronronnement mécanique du ventilateur. Elle passa longuement ses mains moites sur son visage et soupira de soulagement : elle avait rêvé. Sa bouche était sèche. Elle passa la langue sur ses lèvres et frotta avec la paume de sa main son menton meurtri par ses poings. Sur la commode en bois laqué, l’écran plat en veille affichait quatre heures trente-six. La fraîcheur de l’aube fit frissonner son corps fuselé. Elle remonta le drap et se tourna sur le côté, les bras croisés sur la poitrine, les mains glissées sous le menton. Ses cheveux bruns s’étalaient sur la taie de soie mauve, le calme se réinstallait lentement dans sa tête.
La veille, elle s’était disputée avec Aurélien. En partie à cause de l’incident du tee-shirt, mais pas seulement. Déjà, elle l’avait trouvé peu enthousiaste lorsqu’elle l’avait appelé, dans l’après-midi, pour savoir à quelle heure il passerait la prendre pour dîner. Elle avait eu, durant un instant, l’impression qu’il avait oublié l’avoir invitée. Par la suite, au cours du repas, il lui avait paru soucieux, un peu nerveux, surexcité parfois. Le Boulaouane était frais, désaltérant, il en avait bu plus que de raison. Mais, elle aussi avait trop bu. Puis la soirée s’était progressivement détériorée. La tache sur le tee-shirt avait aggravé les choses. Ils n’avaient pas échangé un seul mot sur le chemin du retour et, en arrivant devant chez elle, Aurélien s’était garé sans arrêter le moteur. Il l’avait embrassée rapidement en évitant de la regarder et, pour finir, il lui avait annoncé qu’il ne monterait pas. Puis il avait redémarré sans lui donner un mot d’explication. Elle était restée un moment dans le hall, sans réenclencher la minuterie. Dans le noir, alors que l’effet de l’alcool se dissipait, elle avait espéré qu’Aurélien change d’avis, qu’il fasse demi-tour. Après quelques minutes elle avait dû se résoudre à allumer pour monter se coucher. Tantôt à guetter les moindres bruits de la rue, dans l’attente du retour d’Aurélien, tantôt assise dans son lit à faire des efforts pour éructer afin de digérer le repas et les contrariétés de la veille, elle ne s’était trouvée apaisée qu’après avoir vomi. Ainsi avait-elle passé une nuit infernale, morcelée, avec une succession de veilles interminables et de courtes périodes de sommeil peuplé de cauchemars. Le dernier, le plus violent aussi, lui laissait une désagréable sensation de mal être. Elle espérait l’oublier en sombrant à nouveau dans le sommeil mais son esprit perturbé la ramenait sans cesse à lui. Elle se rappelait s’être dit, pendant qu’elle rêvait, que chaque détail de ce qu’elle voyait était important, qu’elle devrait faire l’impossible pour s’en souvenir à son réveil. Aussi avant qu’il ne sombre totalement dans l’oubli tentait-elle désespérément de revoir le visage de l’agresseur, mais en vain. Seule demeurait l’impression qu’il lui avait rappelé quelqu’un, sans qu’elle ait pu dire qui. Quant à la victime, même si Virginie avait vu nettement son visage, elle ne la visualisait plus. Pourtant, elle demeurait convaincue qu’elle la reconnaîtrait, si elle avait l’occasion de la revoir, ce qui était improbable. Et puis qu’importe qu’elle ait oublié les détails de ce rêve. Au contraire, c’était mieux ainsi. Il n’était que la conséquence d’un repas trop lourd et trop bien arrosé. Que l’exutoire de sa contrariété. Il était sans importance en comparaison du comportement étrange d’Aurélien. Qu’allait devenir leur amitié ?
Lorsque la sonnerie de la porte d’entrée retentit avec insistance, Virginie s’éveilla avec l’impression qu’elle venait juste de se rendormir. En réalité plus d’une heure s’était écoulée depuis son précédent réveil. L’écran plat affichait six heures quinze et le jour était à présent bien installé. Aurélien revenait ! Il avait une clé, pourquoi sonnait-il ?  Mal réveillée Virginie bondit prestement vers la fenêtre grande ouverte sur la rue. Dans son empressement elle heurta avec violence le rocking-chair en rotin qui bascula un long moment avant de retrouver son équilibre. Un juron lui échappa tandis qu’elle se penchait discrètement en cachant ses seins nus derrière un pan de voilage. Elle aperçut le toit d’une voiture de police stationnée en bas de chez elle, au beau milieu de la rue. C’était tout ce qu’elle pouvait voir : l’avancée du porche lui cachait le trottoir et le seuil de l’entrée. Lorsque la sonnerie retentit à nouveau, avec encore plus d’insistance, elle eut un mauvais pressentiment, et elle ressentit une crispation au niveau du plexus. Saisie d’effroi, elle réprima une nouvelle nausée et se rendit dans le hall de l’appartement en boitillant.

La sonnerie ne s’interrompit que lorsqu’elle questionna l’interphone d’une voix  hésitante :

- Oui ?

- Mademoiselle Virginie Orthez ?

- Oui ! répéta-t-elle plus fermement.

- Police judiciaire, ouvrez s’il vous plaît.

Virginie cherchait désespérément à avaler sa salive. Des perles de sueur glissaient le long de sa colonne vertébrale dans son shorty jusqu’au creux de ses reins, alors que son tibia, douloureux et bleuissant, lui rappelait sa rencontre brutale avec le rocking-chair.

- Que se passe-t-il ? interrogea-t-elle pour gagner le temps nécessaire à recouvrer un peu de calme.

- Ouvrez-nous mademoiselle, c’est très important !

Virginie actionna le pêne de la porte d’entrée de l’immeuble et, tout en passant un peignoir, déverrouilla la porte de l’appartement, l’entrouvrit, et écouta la résonance des pas dans l’escalier. Elle saisit la grosse pince qui traînait sur le meuble de l’entrée et nerveusement, dans un geste machinal, assembla et serra ses cheveux en une longue torsade serrée qu’elle fixa au sommet de sa tête. Puis elle attendit en massant sa jambe. L’escalier avait été récemment rénové, les marches étaient carrelées jusqu’au deuxième étage, ensuite jusqu’au dernier étage, qu’occupait son appartement, elles étaient restées comme à l’origine, en bois ciré. Les pas se rapprochaient, le bruit était différent sur le bois, plus feutré. Virginie devait absolument se calmer. La Police chez elle, cela ne pouvait être qu’une erreur ! À moins qu’Aurélien… il avait trop bu, il n’était pas dans son état normal lorsqu’il l’avait quittée. « Vierge Marie je monterai mettre un cierge à ton autel en plein midi, si tu protèges Aurélien ! Je t’en supplie, fais qu’il ne lui soit rien arrivé ! »
 

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